11 novembre — Martin est né en l’an 316 en Pannonie, dans la cité de Sabaria, l’actuelle ville de Szombathely, en Hongrie. Son père était un tribun militaire de l'Empire romain, c'est-à-dire un officier supérieur chargé de l’administration de l’armée. Ce n’est probablement pas un hasard si le nom de Martin signifie "voué à Mars", Mars étant le dieu de la guerre à Rome.

Martin suit son père à Pavie lorsque ce dernier y est muté. À l'école, l'enfant est vraisemblablement en contact avec des chrétiens, vers l’âge de dix ans, il veut se convertir à cette religion, car il se sent attiré par le service du Christ. En tant que fils de magistrat militaire, Martin suit son père au gré des affectations de garnison ; il est pour ainsi dire héréditairement lié à la carrière de son père, voué au culte impérial. Ce père est irrité de voir son fils tourné vers une foi nouvelle : alors que l'âge légal de l’enrôlement est de dix-sept ans, il force son fils de quinze ans à entrer dans l’armée. Il est probable que Martin se soit laissé convaincre pour ne pas nuire à la position sociale de ses parents, tant sa vocation chrétienne est puissante. En tant que fils de vétéran, il a le grade de circitor. Le circitor est chargé de mener la ronde de nuit et d’inspecter les postes de garde de la garnison. Le jeune homme possède à l'époque un esclave, mais il le traite comme son propre frère. Affecté en Gaule, à Amiens, un soir de l’hiver 334 le légionnaire Martin partagea son manteau avec un déshérité transi de froid, car il n’avait déjà plus de solde après avoir généreusement distribué son argent. Il trancha son manteau. La nuit suivante le Christ lui apparut en songe vêtu de ce même pan de manteau.

C’est aussi le temps où les grandes invasions germaniques se préparent ; les Barbares sont aux portes de l’empire. En mars 354, Martin participe à la campagne sur le Rhin contre les Alamans à Civitas Vangionum en Rhénanie ; ses convictions religieuses lui interdisent de verser le sang et il refuse de se battre. Pour prouver qu’il n’est pas un lâche et qu’il croit à la providence et à la protection divine, il propose de servir de bouclier humain. Il est enchaîné et exposé à l’ennemi mais, pour une raison inexpliquée, les barbares demandent la paix. Martin sert encore deux années dans l'armée, une unité d’élite de la garde impériale dont il fut membre pendant 20 années ; cela porterait la durée totale de son service à 25 ans, durée légale dans les corps auxiliaires de l’armée romaine, puis il se fait baptiser à Pâques toujours en garnison à Amiens.

En 356, ayant pu quitter l’armée il se rend à Poitiers pour rejoindre Hilaire, évêque de la ville depuis 350. Son statut d’ancien homme de guerre empêche Martin de devenir prêtre : aussi refuse-t-il la fonction de diacre que lui propose l’évêque. Martin se voit attribuer un pouvoir de thaumaturge doublé de celui d'un exorciste. A cette époque les ariens sont très influents auprès du pouvoir politique. Alors qu'Hilaire, un trinitaire, victime de ses ennemis politiques et religieux, tombe en disgrâce et est exilé, Martin est averti en songe qu’il doit rejoindre ses parents en Illyrie afin de les convertir. Il réussit à convertir sa mère mais son père reste étranger à sa foi ; cette position peut du reste n’être que tactique, le père essayant de défendre son statut social privilégié. En Illyrie c’est la foi arienne qui est la foi dominante et Martin, qui est un fervent représentant de la foi trinitaire, doit sans doute avoir de violentes disputes avec les ariens, car il est publiquement fouetté puis expulsé. Il s’enfuit et se réfugie à Milan, mais là aussi les ariens dominent et Martin est à nouveau chassé. Il se retire en compagnie d'un prêtre dans l’île déserte de Gallinara. En 360, avec les canons du concile de Nicée, les trinitaires regagnent définitivement leur influence politique et Hilaire retrouve son évêché. Martin en est informé et revient lui-même à Poitiers. Alors âgé de 44 ans, il s’installe en 361 sur un domaine gallo-romain qu'Hilaire lui indique près de Poitiers. Martin y crée un petit ermitage, que la tradition situe à 8 km de la ville : l’abbaye de Ligugé. En 371 à Tours, l’évêque en place vient de mourir ; les habitants veulent choisir Martin mais celui-ci s’est choisi une autre voie et n’aspire pas à l'épiscopat. Les habitants l’enlèvent donc et le proclament évêque le 4 juillet 371 sans son consentement ; Martin se soumet en pensant qu’il s’agit là sans aucun doute de la volonté divine. Les autres évêques ne l’aiment guère car il a un aspect pitoyable dû aux mortifications et aux privations excessives qu’il s’inflige, il porte des vêtements rustiques et grossiers. Au soir de sa vie, sa présence est requise pour réconcilier des clercs à Candes-sur-Loire, à l'ouest de Tours ; l'urgence de l'unité de l'Église fait que malgré sa vieillesse, il décide de s'y rendre. Son intervention est couronnée de succès, mais, le lendemain, épuisé par cette vie de soldat du Christ, Martin meurt à Candes en 397.

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