Hilaire de Poitiers, premier évêque de Poitiers réellement attesté, né vers 315 et mort en 367, est un écrivain latin chrétien. Théologien du IVe siècle, il fut un grand défenseur de l'orthodoxie nicéenne face à l'arianisme et au sabellianisme.
Il a été désigné par le titre d' "Athanase de l’Occident" en raison de son action énergique et pastorale dans la lutte pour l'orthodoxie chrétienne. Il a été élevé au rang de Docteur de l'Église par le pape Pie IX en 1851. Saint pour les chrétiens, il est fêté le 13 janvier.
Issu de l'aristocratie gallo-romaine de la cité de Lemonum, il reçoit une bonne éducation, il est formé à la rhétorique latine. Les éléments autobiographiques qui parsèment ses œuvres laissent à penser qu'il est né païen, qu'il se convertit au contact de la Bible1, et qu'il n'est baptisé que vers 345. Il est père de famille (dont sainte Abra), lorsqu'il est élu évêque de la ville vers 350. Soucieux de l'instruction de son peuple, il rédige un Commentaire sur l’évangile de Matthieu, qui est la première œuvre exégétique latine qui nous soit parvenue. Ce texte, remarquable travail d’exégèse littérale, montre toutefois qu'Hilaire ne connaît pas la tradition orientale: sa perception de l'engendrement du Verbe montre même qu'il ignore les formulations du Concile de Nicée. Il admettra d'ailleurs dans ses œuvres ultérieures qu'il n'a découvert celui-ci qu'en 354, soit près de trente ans après cette importante réunion.
En 355, alors que l’arianisme s’étend en Gaule, il s’oppose à cette théologie. Dans l'Empire romain du milieu du IVe siècle, c'est aussi s'opposer à l'empereur. Lors du concile de Béziers de 356, dominé par les ariens unis autour de Saturnin, l'évêque d'Arles, il est déclaré hors de la communion et exilé en Phrygie. C’est là qu’il découvre la pensée des théologiens orientaux et qu'il écrit ses grands traités de doctrine trinitaire: de Trinitate, de Synodis.
L'empereur Constance II décide de réunir simultanément un concile occidental à Rimini et un concile oriental à Séleucie afin de réconcilier l’Église divisée entre ariens, semi-ariens, et nicéens. L'empereur souhaite avant tout l'unité religieuse afin de parvenir à l'unité politique.
Hilaire cherche à exposer la doctrine catholique à l'empereur dans ses deux Livres à l'empereur Constance. Il expose ses thèses au Concile de Séleucie en 359, où il obtient l'union des nicéens, dit aussi homoousiens (car affirmant l'identité de substance entre le Père et le Fils), et des semi-ariens, dit aussi homéousiens (car affirmant la similitude de substance entre le Père et le Fils), contre l'arianisme. Mais les ariens vont convaincre l'empereur de la véracité de leur thèse et celui-ci promulgue une loi qui définit que la foi des sujets de l'Empire doit être arienne.
Hilaire, pour des raisons que l'on ignore (selon les sources, c'est soit par grâce du nouvel empereur Julien, soit un exil nouveau, car il est gênant en Orient, soit même un retour sans autorisation), retrouve sa ville de Poitiers en 360-361. On ne sait pas s'il a pu participer au Concile de Paris de janvier 361, mais celui-ci a clairement reçu son influence. En effet, ce concile régional condamne clairement l'arianisme et destitue les évêques ariens de Gaule.
Hilaire, reprenant son ministère épiscopal, continue à écrire pour l'édification de son peuple, en particulier son Traité des mystères, catéchèse mystagogique et allégorique, ainsi que ses Commentaires sur les psaumes, œuvre d'exégèse. Il poursuit sa lutte anti-arienne, s'opposant en particulier à Auxence de Milan, avec l'aide d'Eusèbe de Verceil. Il meurt en 367.