20 juillet — Saint Pierre transféra sa chaire apostolique d’Antioche pour venir en celle de Rome afin d’établir la foi de Jésus-Christ. Il amena avec lui plusieurs fidèles entre lesquels était Apollinaire. Pierre le consacra évêque et l’envoya en la ville de Ravenne, pour y prêcher l’Évangile.
Apollinaire, après avoir reçu la bénédiction de son maître, se mit en chemin. Étant près des portes de Ravenne, il fut reçu en la maison d’un soldat nommé Irénée, qui avait un fils aveugle auquel le saint évêque rendit la vue en faisant le signe de la croix. Par ce miracle, Irénée et tous ceux de sa maison crurent en Jésus Christ et furent baptisés. Un tribun militaire le fit prier de venir chez lui pour visiter sa femme et lui procurer quelque soulagement dans une longue maladie où elle était sans aucune espérance de remède. Apollinaire s'approcha de la malade, fit sa prière à Dieu, la femme se leva, soudain guérie. Le mari et tous ceux de la maison crurent tous dès ce moment en Jésus-Christ et prièrent le prélat de leur donner le Baptême.
Le Tribun voulant reconnaître par quelque grâce le bienfait qu’il venait de recevoir d’Apollinaire, lui donna une de ses maisons pour en faire son logement pendant le temps qu’il demeurerait à Ravenne. Il y venait sans cesse des personnes de tout sexe et de toutes conditions, qu’Apollinaire instruisait dans la foi ; il y célébrait les saints mystères, il y donnait le baptême. Mais comme le nombre des chrétiens vint à croître, le gouverneur de la ville nommé Saturnin fut averti de ce qui se passait ; il envoya quérir Apollinaire qu’il interrogea plusieurs fois. Mais voyant sa fermeté inébranlable dans la créance du vrai Dieu et le mépris qu’il faisait des Dieux de l’Empire, il l’abandonna à ces prêtres. On le conduisit au temple de Jupiter pour qu'il sacrifiât. Comme il disait aux prêtres que l’or des idoles et l’argent qu'on y suspendait seraient mieux employés en les donnant aux pauvres qu'à les exposer ainsi devant les démons, Apollinaire fut saisi aussitôt et battu avec des fouets jusqu'à rester à demi-mort. Il fut recueilli par ses disciples qui l’emportèrent en la maison d’une veuve qui voulut bien le cacher et apportèrent tous leurs soins.
Dans le même temps, Rufus, patricien de Ravenne, dont la fille était malade, avait appelé saint Apollinaire pour la guérir. Mais celui-ci était à peine entré dans la maison qu'elle mourut. "Ne crains rien, lui dit Apollinaire ; seulement jure-moi ; que si ta fille ressuscite, tu ne l’empêcheras pas de s'attacher à son créateur". Il le promit et Apollinaire ayant fait une prière, la fille ressuscita. Elle confessa le nom de Jésus-Christ, reçut le baptême avec sa mère et une grande multitude de personnes, et elle vécut dans la virginité.
Il avait passé trois années entières dans ces courses, ces travaux et ces persécutions. Au bout de trois ans il retourna à Ravenne, dans le diocèse que l’apôtre saint Pierre lui avait confié, où les chrétiens le reçurent avec grande joie, remerciant Dieu de leur avoir rendu leur cher pasteur. Il y fit de grands miracles comme il en avait fait dans tout le chemin et continua d’y faire paraître son zèle pour la conversion des infidèles et pour la sanctification des chrétiens.
Mais un jour qu’il célébrait les divins Mystères dans la maison d’un particulier, il fut surpris par une troupe de païens. Ils l’outragèrent et le tourmentèrent avec des menaces de lui faire pis s’il ne sacrifiait au dieu Apollon, au temple duquel ils le menèrent. Aussitôt qu'Apollinaire eut aperçu la statue de l’idole le saint y fit son oraison, l’idole tomba en poudre et le temple fut ensuite entièrement renversé. Ils le menèrent ensuite devant le juge afin de le faire condamner à mort. Et après lui avoir fait plusieurs questions, "J"’ai, lui dit-il, un fils qui est né aveugle ; si tu lui rends la vue nous croirons au Dieu que tu adores, sinon le feu sera le juste châtiment de toutes impostures". Apollinaire fit appeler l'enfant et lui dit : "Mon fils, au Nom de Jésus-Christ, ouvrez les yeux et voyez". De tels prodiges permirent à Apollinaire de sauver des âmes mais renforcèrent aussi les persécutions conduisant à son martyre.
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