08 avril — Née le 12 juillet 1751, à Cuvilly, un village au nord de Compiègne (en France), Julie est la sixième des sept enfants de Jean-François Billiart et Marie Debraine. À l’âge de sept ans, elle connaissait son catéchisme par cœur et prenait plaisir à réunir d’autres enfants autour d'elle pour le leur faire réciter.
Pour le reste, son éducation se limite à des rudiments d’alphabétisation acquis à l'école de village tenue par son oncle, Thibault Guilbert. Mais en matière spirituelle elle montre une telle dévotion et maturité que le curé, le père Dangicourt, n’hésite pas à l'autoriser à faire sa première communion et recevoir la confirmation à l’âge de 9 ans. Elle fait un vœu privé de chasteté cinq ans plus tard.
À vingt-trois ans (1774) Julie Billiart subit un grave choc nerveux, causé par un coup de pistolet tiré sur son père par un ennemi inconnu. Cela entraîne une grave maladie qu’elle supporte avec courage. Huit ans plus tard (1782), nouvelle épreuve physique. Julie est victime d’une épidémie. Mal soignée par le médecin de village, elle reste paralysée des membres inférieurs.
Les années qui suivent, elle reste confinée à son lit et est frappée d'incapacité partielle pendant 22 ans. Elle reçoit quotidiennement la sainte communion et peut laisser libre cours à son inclination pour la prière : elle y passe plusieurs heures par jour. Cependant, jamais fermée sur elle-même, elle rend service à l’église paroissiale en confectionnant du linge d’autel. Surtout elle continue à domicile la catéchisation des enfants du village qu’elle rassemble autour de son lit, en accordant une attention particulière à ceux qui se préparent à leur première communion.
À Amiens, où elle s’est réfugiée avec la comtesse Baudoin durant la période révolutionnaire, un petit groupe se forme autour d'elle, comprenant Françoise de Gizaincourt et Françoise Blin de Bourdon (38 ans) qui avaient échappé de peu à la Terreur ainsi que d’autres. Elles se réunissent dans la chambre de la ’sainte’ handicapée qui les forme à une vie intérieure plus profonde et au service de Dieu et des pauvres. Quelques exercices religieux de vie communautaire sont également pratiqués. Mais ce groupe ne se soudera pas. Seule Françoise Blin de Bourdon restera avec Julie Billiart.
En 1803, suivant les indications de son guide spirituel le père Joseph Varin, supérieur des "Pères de la Foi", elle propose à l’évêque d’Amiens la fondation d’un institut qui s’appellerait "Sœurs de Notre-Dame", ayant pour objet principal le salut des enfants pauvres. Les statuts sont rédigés avec l’aide du père Varin. Plusieurs jeunes personnes animées du même idéal s’offrent pour assister les deux fondatrices Julie et Françoise. Par ailleurs huit orphelins sont reçus.
En la fête du Sacré-Cœur, le 1er juin 1804, à la suite d’une neuvaine faite en obéissance à son confesseur le père Varin, Julie Billiart est guérie de son infirmité. Quelques mois plus tard, le 15 octobre 1804, elles sont quatre à prononcer leurs premiers vœux de religion dans le nouvel institut religieux : Julie Billiart, Françoise Blin de Bourdon, Justine Garson et Victoire Leleu. Leur travail sera l’éducation des jeunes filles, et la formation d’enseignants chrétiens.
Une règle provisoire (pour une période d’essai) leur est fournie par le père Joseph Varin. Elle est si clairvoyante et ouverte que pour l’essentiel elle n’a pas subi de modification majeure au cours des deux siècles d’existence de l’institut. Elle est inspirée des Constitutions de la Compagnie de Jésus. Le gouvernement est assuré par une supérieure générale qui visite régulièrement chaque maison, et désigne les responsables locales, tout en correspondant directement, quand nécessaire, avec les membres dispersés. La distinction séculaire (très ‘Ancien Régime’) entre ‘sœurs de chœur’ et ‘sœurs converses’, n’existe pas. Cette égalité de rang permet que chaque religieuse reçoive un travail adapté à sa formation et ses capacités. Une grande importance est accordée à la formation des sœurs destinées aux écoles, ce en quoi elle est grandement aidée par Françoise Blin de Bourdon (devenue ‘Mère Saint-Joseph’) qui elle-même avait reçu une excellente éducation.
Lorsque la congrégation de Sœurs de Notre-Dame reçoit l’approbation impériale officielle (19 juin 1806) elle compte une trentaine de membres. Des fondations ont été faites dans plusieurs villes de France, ainsi qu’à Gand et Namur, en Belgique. Mère Saint-Joseph est la première supérieure de la maison de Namur.
Les sept dernières années de sa vie se passent à consolider la jeune congrégation, y formant ses filles à une piété solide et à une vie intérieure intense, dont elle est elle-même le modèle. Maurice de Broglie, évêque de Gand, dira de Julie Billiart qu'elle a sauvé plus d'âmes par sa vie intérieure d’union intense à Dieu que par son activité apostolique.
En l'espace de douze ans (de 1804 à 1816) la mère Julie Billiart a fondé 15 couvents et, comme supérieure générale, fit plus d’une centaine de voyages pour les visiter régulièrement – souvent dans des conditions pénibles de transport – et entretenu une correspondance suivie avec ses filles spirituelles. Des centaines de ces lettres sont conservées aux archives de la maison-mère.
En 1815, la Belgique est le champ de bataille des guerres napoléoniennes, ce qui donne beaucoup d’anxiété à la supérieure générale car plusieurs de ses couvents se trouvent sur les chemins des armées, mais ils sortent de la tourmente sans dommage majeur.
En janvier 1816, Julie Billiart tombe malade. Trois mois plus tard, le 8 avril 1816, elle meurt au couvent de Namur qu'elle avait fondé plusieurs années auparavant. Son corps y repose dans la chapelle. Elle avait 65 ans.