À l'issue de sa deuxième Assemblée Générale qui s'est tenue du 15 au 18 octobre 2024, la Commission épiscopale Justice et Paix a adressé un message aux responsables étatiques à tous les niveaux, ainsi qu'à tous les Malagasy et à toutes les personnes de bonne volonté.

A tous les responsables étatiques à tous les niveaux du pays,
A tous les Malagasy et à toutes les personnes de bonne volonté.

Que la grâce et la paix du Seigneur Jésus-Christ soient toujours avec vous !

La Commission épiscopale Justice et Paix a tenu sa deuxième assemblée générale en cette année 2024 du 15 au 18 octobre 2024. Il convient de noter que “Justice et Paix” est une Commission au sein de l'Église catholique et juridique. Cette commission chemine avec tous et veut partager la joie et l'espérance comme nous enseigne le Concile Vat II : “La joie et l'espérance, la souffrance et l'inquiétude qui arrivent à l'humanité en ce moment, en particulier aux pauvres et aux souffrants, sont joie et espérance des disciples du Christ”. (Vat. II, Joie et Paix n°1, §1). Il est donc de son devoir d'enseigner, d’accompagner et de guider. Il lui est confié la responsabilité de prendre soin pour que chacun puisse s’épanouir et que tous puissent vivre dans la paix véritable. La Commission a sa propre méthode selon l’enseignement social de l’Eglise pour aider tous ceux qui recherchent la vérité : Voir, Discerner, Agir, Célébrer. Après avoir partagé et analysé les faits sur le terrain d’où viennent les membres, la Commission présente cette conclusion.

  1. Le pays est gravement malade... L'économie est en difficulté. Cela n’est plus un secret pour personne. La nation n’a pas de plan global permettant d’avoir une vision de tous les secteurs existants pour rebâtir les fibres de la production. En fait, la Première République est la seule à avoir présenté un plan de développement de Madagascar très précis. Chaque régime successif a surtout présenté de programme qui n’a pas permis d’entrevoir les efforts à long terme et à court terme. Malheureusement de nombreux foyers de conflits se déploient au niveau de la vie nationale. A cause de tout cela la volonté de production des populations diminue et la qualité des produits se détériore car l'insécurité et l'occupation injuste des terres continuent de prévaloir partout. Les tribunaux semblent avoir échoué parce que, dans de nombreuses régions, la population ne fait plus confiance aux juges, aux fonctionnaires et que les actions de certains membres de service d’ordre tuant, tirant sur des personnes arrêtées méritent d’être abordées profondément. La qualité de l'éducation est sans avenir : de nombreuses écoles sont fermées dans les zones rurales, de nombreux enfants et jeunes abandonnent l'école, le système éducatif a failli, certes il existe et est dispensé à travers l’île. Mais nous constatons que de plus en plus de jeunes diplômés sont au chômage. Le monde de l’éducation doit être reconsidéré rapidement et clairement afin que ces problèmes ne deviennent pas un fardeau pour le pays et la société. C’est pourquoi nous en sommes venus à poser la question : l’éducation et l’instruction aident-elles vraiment à l’édification du pays ? De nombreuses personnes ne reçoivent pas de soins adaptés : les structures médicales (CSB) sont éloignées, les médecins sont parfois indisponibles, les tarifs médicaux trop élevés. La décadence et la corruption sont devenues un mode de vie courant et il est impensable presque de supposer à son éradication un jour car des diverses fraudes sont visibles dans plusieurs secteurs, révélant que beaucoup n’ont plus la conscience morale et professionnelle. Beaucoup de ceux qui sont censés protéger les droits, la vie et les biens des citoyens sont aussi pris dans l’engrenage des réseaux mafieux… L'environnement est complètement détruit à cause des feux de brousse et des aménagements sans études préalables… et la destruction des forêts s’accélère d’où le changement climatique de plus en plus catastrophique. Le peuple a perdu ses repères… et ses valeurs pour vivre plus humainement. Les valeurs malagasy et celles chrétiennes ne sont plus préservées. Tout cela et beaucoup d’autres ne peuvent pas être tous relevés ici sont le résultat de ce que nous appelons la “mauvaise politique”, existant depuis longtemps au sein du pays : course aux honneurs, recherche des avantages personnels et, pour quelques-uns, rassembler et abuser du pouvoir, faire pression aux pauvres…

  2. Certes des efforts ont été réalisés de la part des autorités comme la construction de routes à certains endroits, facilitant les déplacements et l’écoulement des récoltes même s'il existe encore de nombreuses routes endommagées et non réparées. Il y a aussi la construction d'infrastructures proches des populations comme des écoles, des hôpitaux, divers bureaux gouvernementaux, mais beaucoup d'entre elles sont à peine terminées et ne sont pas encore opérationnelles et fonctionnelles. Des efforts pour combattre l’insécurité ont également donné de bons résultats dans certaines régions. Il en va de même pour les différentes aides sociales destinées à la population... Toutes ces aides doivent être poursuivies, renforcées et améliorées.
    Malgré tous ces efforts, nous constatons que les gens sont très pauvres, et que les choses ne cessent d'empirer. Aujourd’hui, beaucoup de gens ne savent plus où aller, se confier. Nombreux sont les défis à relever pour améliorer la situation… Un constat général est que les responsables ne sont pas prêts à faire face à leurs devoirs, ne recherchent ni de solutions à long terme ni à court terme, ne sont pas prêts à améliorer la situation et ne regardent pas vers l’avenir. Or la vie est un vrai combat de tous les jours.

  3. Nous voulons encore rappeler une fois de plus que faire de la politique, c'est servir le peuple tout entier sans rechercher ses propres intérêts ni pour son groupe ni pour son parti ni pour son clan. Tout le monde reconnaît que cela n'est pas facile et peut même coûter la vie. Selon l’enseignement du pape Paul VI et cité par le pape François : s'impliquer dans les affaires politiques n'est pas de la responsabilité directe de l'Église, toutefois elle ne peut pas s’en dérober car la politique est le sommet de la vie, de l'amitié et du service pour le peuple dans la poursuite du bien commun. (Entretien avec le CVX italien, avril 2015). Ne soyez pas surpris si nous disons certains points d’une façon très claire en soulignant fortement ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas dans la vie publique.
    Nous sommes appelés à rechercher le Royaume de Dieu en gouvernant la terre selon l'ordre de Dieu (Vat. II, Lumière du Peuple n°31), et “il est du devoir des chrétiens de contribuer à améliorer les conditions de vie corporelle. Nous, chrétiens, faisons partie du peuple et nous devons assumer nos responsabilités avec le peuple et rechercher la vérité adaptée au Royaume de Dieu en tous lieux et en toutes choses (Voir Apostolicam Actuositatemn°7 §5).

  4. Très bientôt aura lieu l’élection du Maire et de ses Conseillers. C’est une élection de proximité. C'est intéressant de voir la majorité des gens qui sont intéressés à voter, mais il y a aussi ceux qui ne sont pas enclins car ils pensent que cette élection ne changera rien. Alors nous faisons appel aux responsables de bien préparer cette échéance électorale pour qu’elle se réalise selon les règles et dans la vérité conformément à la loi et à la justice. Il est demandé aux politiciens d'avoir une attitude de considérant l’autre non comme son ennemi mais comme son adversaire… Il faut parler de compétition et non de bataille rangée car tous se considérant comme de vrais patriotes prêts à se sacrifier pour le pays. Il est souhaitable que personne ne profite de la pauvreté du peuple. Et nous, peuple, ne baissons pas les bras, prenons nos responsabilités et accomplissons notre devoir sacré et allons voter car c'est à la fois notre devoir et notre droit de faire preuve de responsabilité comme citoyens du pays et de la région où nous vivons.

L'appel s'adresse à nous, chrétiens et à toutes les personnes de bonne volonté, à prendre nos responsabilités et à être prêts à nous sacrifier, à servir et à faire prévaloir la vérité pour l'amour du pays, car c'est la voie qui mène à la paix. C'est pourquoi nous voudrions conclure en reprenant le message de nos Raiamandreny Évêques lors du Congrès eucharistique national 2024 à Antsiranana : “La vérité n’est jamais proposée pour un lieu précis. La corruption est contraire à cela. Maintenant en rentrant vous êtes envoyés (ceux qui ont assisté au KEN 2024) au sein de notre société pleine de corruptions et de tromperies en tout genre, pourquoi y a-t-il si peu de gens honnêtes au sein du monde actuel ? … Le don de soi et le service dans la vérité sont le seul moyen pour bâtir une vraie paix, le Fihavanana qui guérira le monde…”

Comme nous exhorte le Pape François ces jours-ci, prions pour que la paix règne partout dans le monde et plus particulièrement à Madagascar… que nous confions à la Sainte Vierge Reine de Madagascar, à Saint Joseph et au Bienheureux Lucien Botovasoa.

Antananarivo, le 18 octobre 2024, Fête de Saint Luc

Au nom de tous les membres de la “Commission Episcopale Justice et Paix” Madagascar

S.E.Monseigneur Benjamin Marc RAMAROSON, Président
R.P.Sata Jean Noel ANDRIANASOLO, Secrétaire Général.

L'Esprit de vérité vous guidera dans toute la vérité

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